et un deuxième
LA NUIT
La nuit amie ou ennemie ?
La nuit je t’aime. Pas la nuit foldingue, des jouisseurs de fêtes, d’orgies, de beuveries où on se saoule d’abstraction en s’enivrant de folies. Nuit, où les pensées s’affolent et s’envolent dans la fumée des drogues anéantissantes. Où l’on n’est plus rien et surtout pas soi. Nuit des rencontres de hasard, nuit qui tue parce qu’on est mal né et pas là où l’on devrait. Nuit cauchemar, nuit des fins de vie, nuit des horreurs assassinent. Non ces nuits là ne sont pas celles de mon cœur.
J’aime la nuit calfeutrée où tout dort. La nuit des après câlins, la nuit des après, de tous les après. Nuit, où je suis seule dans mes rêves éveillés, dans mes rêves somnolences, rêves de rencontres heureuses, rêves d’amours illicites, Rêves de partages, de compagnonnages, de réussites. Rêves de plaisirs simples, d’un monde merveilleux sans colère ni haine, sans pouvoir ni orgueil, monde où prévaut la tendresse, l’amitié, l’amour. Monde où les caresses sont saines. Où les « je t’aime » sont de mise et n’étonnent point. Douce et tendre nuit.
J’aime aussi ces nuits de pseudo torture où mon esprit ne me laisse tranquille Où il faut se lever pour écrire et calmer le bouillonnement des idées qui ne veulent pas mourir, qui veulent s’inscrire non plus sur une feuille blanche , mais sur un écran blanc bleuté. Ces idées qui s’écrivent en jolies lettres régulières identiques.
J’aime ce faux silence, où la vie et les êtres respirent au ralenti loin des folles nuits des noctambules.
Une voiture passe dans la rue. Les rails du chemin de fer crient sous les roues du train de nuit. Un chien aboie. Des passants murmurent sous les fenêtres pour un dernier au revoir ou un adieu. Voici un pas pressé, celui de l’ouvrier qui rentre. Quelque part, ailleurs, un être souffre, une sirène sinistre hurle aux croisements de rues.
Que ce passe t il derrière ces volets clos, cette fenêtre allumer à cette heure tardive ?
Il pleut. L’eau roule dans la gouttière avant de dégorger dans la rue. Voilà que les menus bruits changent. La route sous les roues donne un chant plus aigu. Les pas pressés plichent-plouchent. Les gouttes douces deviennent gouttes de pluie d’orage, elles claquent sur le toit. Un éclair flashe dans la chambre photographiant le désordre du soir. Le roulement du tonnerre :
- Chut ! tais toi ! tu vas réveiller la nuit, ma nuit !
Mon semi silence va s’encombrer de pleurs d’enfants réveillé en sursaut, de corps qui se retournent dans les lits, de grognements mécontents.
Le vent siffle sous la porte, un volet claque, les arbres gémissent. Un éboulements de tonnerres brisent le silence de la nuit, de ma nuit.
Puis tout se calme . Seuls restent les bruits de l’eau qui s’écoule dans les égouts qui regorgent, les plocs des larmes des arbres pleurant sur les toits des voitures endormies. Le souffle de celui qui dort à mes côtés ralentit à un rythme régulier plagiant le ronflement d’une machine à vapeur.
Et les mots qui à nouveau font la sarabande dans ma tête. Ils dansent si fort qu’ils m’obligent à me lever, pour que je les couche sur l’écran bleuté. A côté de moi la machine ronronne. Le tic tac de la pendule rivalise avec le claquement discret des touches du clavier. Le chien de la maison en éveil vient me lécher la main, ses griffes raclent le parquet. Un toux sèche. Tout redevient silence.
Encore de longues minutes et la lueur de l’aube retentira des sonneries des réveils . Les odeurs de café vont s’étendre en effluves dans les maisons. Les noctambules rentreront chez eux, la tête engourdie par le tohu-bohu de leurs étourdissements, le corps raidit par une nuit de frénésie et moi j’irai me recoucher et enfin les bras de Morphée s’ouvriront pour toute une matinée de sommeil sans rêves.
GY 15/04/2005